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INFORMEL

Par HAMMER, Ildiko
 

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La notion d’informel a été théorisée la première fois dans les années 1950 par rapport à l’art informel, puis, plus tard la notion signifie en sociologie quelque-chose sans caractère officiel (Gurvitch 1958:472).

Étymologiquement, le mot informel est le dérivé de formel avec le préfixe in-, mais qu’est-ce que cela veut dire? Ce qui est informel, n’aurait pas de forme?

La réalité, me semble, est plus complexe que cela, la nature et notre culture aussi sont entremêlées par les informalités.

Il existe ainsi plusieurs approches distinctes pour définir la notion de l’informel. La définition du domaine des beaux-arts et celle de la psychologie et de la sociologie.

Il est possible de parler d’une peinture ou d’art informel, plus précisément, il s’agit de : « Peinture, art qui tendent à exprimer des états de sensibilité produits par le spectacle du réel sans recours à la représentation formelle de celui-ci » (Encyclopédie Larousse en ligne, 2019). La peinture informelle comme notion est née dans les années 1910, les portraits de Braque ou Picasso peuvent être, par exemple, décrits comme des peintures informelles, car les visages sont décomposés, ce n’est pas facile de distinguer les yeux, le nez, ni la tête. « Voici la surprise de l'honnête critique − de l'honnête amateur − devant plus d'une toile informelle : c'est qu'à la fois elle est ressemblante, et pas ressemblante du tout » (Paulhan 1961:788). Le tableau devient le reflet, la répétition du modèle sans vouloir copier la réalité, mais plutôt la renverser et créer une réalité parallèle ou les éléments visuels existent dans un nouveau contexte en composant le même visage.

Dans la définition de la psychologie et de la sociologie, l’informel indique quelque-chose qui est en dehors de toute structuration ou institution. Nous pouvons donc parler de relations ou de réunions informelles. « Le pouvoir est organisé, et institutionnalisé, mais la coutume s'impose toujours à lui comme une constitution innommée, informelle et inapparente. » (Encyclopédie Pléiade  en ligne, 2019). Nommer les phénomènes inclassables me semble indispensable pour avoir l’impression de vivre dans un monde organisé.

Il existe également la notion de groupe informel : « Sous-ensemble d'un groupe organisé qui se constitue sous l'effet de conditions socio-économiques et qui assure une fonction de protection de l’ensemble. » (Encyclopédie Larousse en ligne, 2019). L’importance des groupes informels et leur rôle protecteur est d’ailleurs bien connu des pouvoirs. Ainsi, en Hongrie, entre 1949 et 1953, la rencontre de plus de quatre personnes en dehors d’un cadre formel était interdite par le pouvoir soviétique. L’informel, c’est aussi le potentiel danger pour le formel.

L’article de Gabriela Arango Luz, Javier Pineda et Fernando Urrea Giraldo introduit l’informel comme une notion de l’économie. Selon la définition de Keith Harth de 1971, « …les modèles de développement étaient conçus à partir de l’idée d’une division entre un secteur formel et un secteur informel… » (Harth, 1971).

Dans les dictionnaires et encyclopédies de l’urbanisme et de l’architecture que j’ai pu consultés, comme le Dicorue de Thierry Paquot ou le Dictionnaire de l'urbanisme et de l’aménagement de Françoise Choay et Pierre Merlin, la notion d’informel n’existe pas. Classer l’informel est peut-être un défi absurde qui semble inadéquate pour les auteurs de ces dictionnaires.

 

Pour décrire la portée de l’informalité pour comprendre des situations urbaines, les villes et la vie humaine (Jacquot, Morelle 2018), on peut parler du travail informel, des activités exercées hors règles, hors de la légalité (Arango, Pineda, Urrea 2013:225) : du commerce illégal, du travail précaire, du trafique de drogues, de la prostitution, mais également de l’habitat informel : des bidonvilles, des squats, des hôtels, des foyers, des hébergements d’urgence, des campements ou des installations des tentes.

Mais est-ce qu’il existe des informalités, des rencontres informelles dans la nature? Pendant la balade pédagogique conduite par le collectif SAFI à Luminy,  le monde informel des plantes me semblait un phénomène plutôt réel. La rencontre des pieds mâles et femelles d’une plante, la fertilisation aléatoire d’une fleur ou la colonisation d’un territoire par le bras vivant souterrain des iris peuvent être considérés comme les actes informels dans le sens où ils ne sont pas de caractère officiel, organisés ou même prévisibles. 

A travers mon travail, j’avais l’intention de montrer la nature constate et non inévitable de l’informel dans la nature comme dans la culture, afin de pouvoir mieux comprendre son rôle et de mieux réagir aux situations informelles dans la ville en tant qu’ architecte.

BIBLIOGRAPHIE

ARANGO Luz Gabriela, PINEDA Javier, URREA Giraldo Fernando, « L'informalité, un concept toujours d’actualité? », Cahier du genre, vol. 55, 2013, p. 219-226.

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GURVITCH Georges, Traité de sociologie, Paris, 1958.

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HARTH Keith, « Informal Income Opportunities and Urban Employment in Ghana ». The Journal of Modern African Studies, vol. 11, 1973, p. 61-89.

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JACQUOT Sébastien, MORELLE Marie, « Comment penser l'informalité dans les villes "du Nord" », à partir des théories urbaines "du Sud ? », Métropoles, vol. 22, 2018.

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PAULHAN Jean, « L'Art informel », Nouvelle Revue Française, vol.101, 1961, p. 785-792.

SITOGRAPHIE 

www.cntrl.fr, consulté le 16. 12. 2019.

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www.collectifsafi.com, consulté le 18.12. 2019.

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www.larousse.fr, consulté le 16. 12. 2019.

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