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ÎLE

du latin insùla

Par SCLAFANI, Maria Luisa
 

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Pour pouvoir décrire le terme «île», il ne suffit pas, selon moi, de se fonder uniquement sur la définition du vocabulaire. En effet, je vais essayer de trouver une définition qui puisse aller au-delà de la dimension physique, en passant par la littérature et en essayant de saisir ses aspects naturels et culturels. Je vais aussi essayer de trouver une dimension dans la conception architecturale.   

Suivant la définition pure, donnée par les dictionnaires, du point de vue géographique et physique, l’île peut être décrite comme une portion de terre ferme complètement entourée par les eaux. Son origine peut être due à l’accumulation de matières volcaniques, organogènes , sédimentaires, par érosion, provoquée par des mouvements de la croûte terrestre ou des variations du niveau marin. Elle est  constituée  de végétaux palustres, typiques des zones marécageuses de certaine zone et des tourbières en voie de formation.

 

D’un point de vue culturel l’île est un territoire qui possède des caractères linguistiques particuliers ou ethniques, différents de tous ceux qui l’entourent. Le lieu est isolé ; en effet, dire « se sentir comme sur une île », ça veut dire se sentir sur une oasis, comme un refuge face à toutes les situations agitées et incertaines qui nous entourent.  Dans la période contemporaine, le concept d’île est très prégnant : les îles sont associées à des ports d’attache sûrs, des lieux où les personnes qui fuient des situations et des conditions qui mettent en danger leur sécurité peuvent se rendre pour entrer dans une nouvelle vie.

Mais en réalité, le concept d’île en tant qu’endroit sûr a des racines très profondes dans l’histoire. Il suffit de penser à la mythologie grecque : par exemple, l’île d’Ithaque. C’est l’emblème du port sûr, où, après dix ans d’aventures, Ulysse parvient à revenir. Et c’est précisément d’Ithaque que le poète Ugo Foscolo parle dans son poème consacré à sa Zante, autre île de l’archipel grec.

« Né più mai toccherò le sacre sponde
ove il mio corpo fanciulletto giacque,
Zacinto mia, che te specchi nell'onde
del greco mar da cui vergine nacque

Venere, e fea quelle isole feconde
col suo primo sorriso, onde non tacque
le tue limpide nubi e le tue fronde
l'inclito verso di colui che l'acque

cantò fatali, ed il diverso esiglio
per cui bello di fama e di sventura
baciò la sua petrosa Itaca Ulisse.

Tu non altro che il canto avrai del figlio,
o materna mia terra; a noi prescrisse
il fato illacrimata sepoltura. »

« Jamais plus, ô Zante mon île qui garde le souvenir

de ma toute petite enfance,

je n'aborderai à ton rivage sacré,

toi qui te mires dans l'onde grecque d'où Venus naquit vierge

mais de son premier sourire féconda ces îles.

 

Toi dont les vers fameux de celui clin

chanta la fatalité des flots

et l'incessant exil aussi glorieux qu'aventureux dont revint Ulysse pour embrasser sa pierreuse Ithaque

ne voulurent taire ni la clarté de tes ciels ni tes frondaisons

 

De ton fils tu ne recevras rien d'autre que son chant,

ô ni ta terre maternelle! car il est de ceux auxquels le destin prescrit

une tombe sans le réconfort de larmes. »

Le poète dédie ce poème à son île, Zante. Il en fait une description géographique et  paysagère, en citant la divinité grecque Vénus et l’écrivain Homère.

Sa description se sert tant de l’image concrète de la nature du lieu, que de son histoire bien que cette dernière soit mythologique.     
Son personnage principal est l’île. Une mère féconde qui donne vie à ses êtres, mais qui est en même temps funeste et site de périls.

En effet, elle a un double aspect : elle peut être facilement accessible depuis plusieurs points, mais en même temps, il peut être difficile d’en partir. Il suffit de penser aux grandes prisons situées sur les îles, lieux d’isolement par excellence, telle  l’île d’Elba de Napoléon à Marseille même.

 

Il arrive souvent à ceux qui se trouvent sur une île de regarder au-delà, d’essayer de voir ce qu’on peut voir à l’horizon, de chercher un lien avec la terre compacte. A ce moment-là, le désir de partir et de fuir fait espérer et bouger l’âme par la force qui pousse l’Homme depuis toujours : la curiosité. Soudain, l’île devient quelque chose d’oppressant, qui ne suffit plus. La fuite de son île apparaît ainsi comme une sorte de libération de ses propres sentiments qui oppriment l’âme. Comme Icare vola avec ses ailes de cire pour atteindre le soleil, au-dessus de Crête, comme les nombreux prisonniers qui dans l’histoire ont essayé de fuir Alcatraz, comme Robinson Crusoé vit dans l’espoir de rentrer à la maison.

Tout comme la nature et la culture se mêlent dans leur dualisme, l’île a deux faces distinctes et complémentaires : d’une part, c’est le paradis, oasis de salut, de l’autre, elle peut être un enfer,la solitude. Ces aspects ne sont que subjectifs, ils concernent la personne et ses sentiments à l’égard du lieu. Elle ne cessera jamais d’être à la fois liberté et ségrégation. Et c’est dans cette dichotomie que réside sa beauté.

 

C’est une beauté ambigüe, mystérieuse, qui semble circonscrite à ses frontières, presque impénétrable, c’est pourquoi ceux qui y vivent nous parlent de "leur propre île", comme si elle ne faisait pas partie des continents, des États, mais comme si elle était indépendante de tout, comme si elle avait une âme propre.

 

Et c’est à propos de ce dernier aspect qu’il serait pertinent de raconter l’histoire de l’île volcanique Ferdinandea. Elle, si on peut utiliser ce pronom, a émergé de la mer Méditerrané entre Pantelleria et Sciacca, en Sicile, en 1831.  Pendant sa brève existence, elle a suscité l’intérêt, en tant que point stratégique militairement et économiquement, de trois puissances : le Royaume-Uni, la France et la Sicile de Bourbon. Les trois pays ont planté leurs drapeaux sur celle-ci en revendiquant sa propriété. Il y aurait eu un conflit armé pour pouvoir s’en emparer si l’île elle-même ne s’était pas engloutie cinq mois plus tard, laissant les trois pays à sec. Depuis, on attend le retour de l’île, comme si celle-ci avait choisi de partir pour donner une leçon aux trois puissances de l’époque.

 

Sans aller trop loin dans le temps, il y a beaucoup d’îles appartenant à des atolls de beauté désarmante, au point d’être définies de véritables "paradis terrestres", qui ont été submergés ou qui sont menacés par les changements climatiques qui pèsent sur notre époque.

Un exemple évident est Tuvalu, une île d’un archipel dans le Pacifique Sud, qui a été définie comme la manifestation terrestre du changement climatique. Dans une perspective future, l’Atlantide du XXIe siècle sera complètement submergée. Les premières indications sont déjà visibles : l’élévation du niveau de la mer, la disparition d’un îlot en 2008 et les marées géantes de plus en plus fréquentes. Dans le contexte des catastrophes environnementales qui affectent actuellement notre planète, le sort de l’île de Tuvalu est malheureusement également commun à d’autres îles. On a calculé qu’avec la montée des mers, les îles sont les premiers territoires à disparaître. Dans cette dimension l’île est devenue comme un point de grande vulnérabilité, précarité, un lieu à protéger et non plus un lieu qui protège.

 

En effet en architecture, l’idée d’île  se trouve dans les fortifications du Moyen Age, entourées d’un fossé rempli d’eau. En outre, le mot devenu « îlot » sert à définir un ensemble compact de plusieurs bâtiments, insérés  dans un réseau de routes, comme l’île est entourée d’eau.

Dans le sens de l’urbanisme, ce concept s’est développé avec une grille de blocs de forme régulière, le damier, qui existait déjà avant l’époque romaine, en prenant pour modèle les camps militaires de l’époque. Cette forme d’urbanisation a de nouveau été adoptée massivement au XIXe siècle pour soutenir l’extension rapide des zones urbaines. Ce choix se base sur un idéal d’égalité car chaque individus pouvait avoir accès aux ressources, à l’air et à la lumière, ainsi qu’ aux fonctionnalités de la ville construites dans ses rapports avec le territoire environnant.

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En conclusion le concept d’île, comme je l’ai montré, contient en soi des aspects dualistes. Dans ce lieu la nature et la culture sont complètement liées, indissociables.  La culture a besoin de ses éléments naturels pour créer des traditions, tandis que la nature dans ces termes ne serait pas tant vaste sans la culture. L’île a toujours été le lieu de contes, légendes, mythes, lieux où différentes cultures se sont mélangées pour créer des traditions particulières et uniques. Un endroit où les peuples ont apporté des produits qui n’existaient pas auparavant, en les enracinant dans la terre et en les rendant propres à ce lieu.

BIBLIOGRAPHIE ET SITOGRAPHIE

Foscolo Ugo, Poème - A Zacinto, 1803.

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Rossi Aldo, Image - Isolato urbano, 1988.

 

http://www.treccani.it/vocabolario/isola/ [définition du mot « île »], consulté le 03.01.2020.

​

https://it.wikipedia.org/wiki/Isola_Ferdinandea [brève histoire de l’apparition et disparition de l’île Ferdinandea], consulté le 03.01.2020.

​

https://it.wikipedia.org/wiki/Isolato [définition et histoire de l’îlot urbain], consulté le 04.01.2020.

​

https://focusarchitettura.wordpress.com [Relectures contemporaines de l’îlot résidentiel en bloc],consulté le 05.01.2020.

​

https://www.laputa.it/isole/ [histoire de l’île Ferdinandea et aspects mythologiques], consulté le 05.01.2020.

​

http://www.sapere.it/enciclopedia/isolato.html [définition du mot « îlot »], consulté le 05.01.2020.

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