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LAGUNE

Par VARESANO, Johan
 

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Une lagune est une étendue d’eau généralement peu profonde séparée d’un milieu marin par une bande ou un cordon de terre littoral. On peut aussi la nommer étang littoral.

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Elle se compose de sable fin, en évolution permanente liée aux courants s’y engouffrant, altérants les bancs de sables peu profonds.

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Les lagunes sont des milieux très riches en biodiversité. Le fait qu’elles soient des lisières entre terre et mer apportent les nutriments nécessaires aux plantes aquatiques et aux animaux marins. Elles offrent un refuge pour la ponte des œufs et sont souvent utilisées comme nurserie pour une multitude d’espèces.

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L’Homme s’est toujours intéressé à l’exploitation des lagunes, facile d’accès, elles permettent d’expérimenter des cultures animales, végétales, et même de construire des villes.

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Un lieu de refuge pour les êtres :

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Les lagunes sont des écotones, définies comme des zones de transition entre deux milieux ou écosystèmes. Les scientifiques parlent d’écosystème paralique qui signifie une zone constituée d’une masse d’eau en transition entre un milieu marin et une bande de terre continentale.

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Les lagunes constituent un immense intérêt écologique, bien que fragiles. En effet, elles proposent une mosaïque d’habitats pour le vivant, comme un lieu de refuge pour la faune, comme prairie sous-marine ou comme ville sur les eaux pour l’Homme. Ces lieux sont une grande zone d’accueil pour de nombreuses espèces d’oiseaux dans leurs migrations. La végétation foisonnante, quant à elle, permet de protéger ces zones de l’érosion, de filtrer l’eau de ruissèlement et d’avoir un effet tampon sur la salinité de l’eau.

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Selon Maynard et Allen (1981), les géographes différencient quatre typologies de lagunes :

La première étant « ouvertes », comportant un marnage important lors des marées. Ces lagunes sont les plus instables car elles sont plus sujettes aux altérations dues aux courants.

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La seconde sont les lagunes « fermées ». Le taux en sel est très important car l’eau est peu renouvelée. Ces lagunes offrent alors une richesse pour l’Homme : l’exploitation et la culture du sel. Ici le rapport nature/culture se démontre par la notion de travail. L’Homme se sert d’une typologie géographique pour travailler et cultiver un élément minéral pour sa consommation. Il se sert du phénomène naturel des rayons solaires faisant évaporer l’eau stagnante afin de cueillir le minéral.

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La troisième typologie est la lagune « semi-fermée ». Cette typologie définit que le volume d’eau se voit fermer par une bande de terre de temps à autre par le phénomène de marée. Plusieurs espèces de mollusques, de poissons et de plantes endémiques se développent dans ces milieux, comme le crabe moeche à Venise. Cela est dû à la protection qu’offre cette disposition. Dans cette configuration, les êtres sont protégés des prédateurs de plus grande taille, ne pouvant se mouvoir aisément dans la basse profondeur des eaux de la lagune. Ainsi, ces espaces sont propices à la ponte des œufs et au développement des espèces avant l’âge adulte. Le vivant se sert de la nature afin de se protéger sereinement.

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La quatrième typologie est dite « estuarienne ». Ces lagunes sont un entre-deux entre les marées et une embouchure fluviale. Cette configuration foisonne d’espèces car l’eau est plus douce, riche en nutriments et en minéraux. Pour son utilisation avec le vivant, elle s’apparente grandement avec la typologie précédente. Nous pouvons citer la plus connue d’entre elle : la « Bay Shark » en Australie, regroupant l’une des plus importantes concentrations de requins au kilomètre carré, interdite d’accès à l’Homme.

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Venise sous les eaux, Italie, 2019.

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Maisons flottantes des Tanka, Chine.

Un lieu de développement fragile pour les êtres :

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Nous avons vu que la lagune est un lieu très apparenté à la notion d’habitat chez les plantes et les animaux pour ses qualités de protection et de richesse alimentaire.

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L’Homme, tout comme ces êtres, à toujours convoité les lagunes afin de s’établir.

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Selon les continents, il a cherché à bâtir des villes en adéquation ou non avec ces milieux.

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En Europe, par exemple, nous pouvons citer la ville de Venise, de plus en plus en péril en vue de la montée des eaux. Le fait d’avoir construit cette ville en maçonnerie immuable par rapport au milieu va plonger Venise sous les eaux. L’Homme ne s’est pas adapté à cet environnement et à ses aléas au fil du temps. L’apogée paisible de ce modèle d’appropriation du lieu se voit dépassé avec les changements climatiques.

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Prospère autrefois, Venice disparait doucement sous le niveau de la mer bien que la pensée occidentale persiste à penser que la technique retiendra les éléments. Cette pensée est absurde quand nous voyons les travaux effectués dans cette lagune pour retenir les eaux. Les dispositifs onéreux mis en place ne sont, selon nous, présents uniquement pour montrer que l’Homme « essaye » de dominer le phénomène naturel. Il tente de composer « contre » lui, au lieu de composer « avec ».

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En Asie, par exemple, habiter les lagunes s’opère différemment. L’Homme connaît les aléas de ce milieu et, quand il souhaite l’habiter, élabore des dispositifs architecturaux et de culture adaptée. Ses habitations sont flottantes, mouvantes ou bien sur pilotis afin de s’adapter à la montée des eaux et au déplacement des bancs de sables.

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De plus, le travail de ses habitants est adapté, ils pêchent là où ils se trouvent, comme le peuple Tanka en Chine et se déplacent en fonctions des saisons pour ne pas appauvrir le milieu et laisser la faune se régénérer.

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En conclusion, nous avons vu que le terme de « lagune » soulève le lien entre « nature » et « culture ». A la fois source de protection et d’abondance pour les êtres, comme dévastateur et menace. Cependant, tout est une question d’attitude face à ce lieu. Si nous comprenons son fonctionnement, sa fragilité et les êtres qui le peuplent, nous n’aurons aucun mal à vivre en harmonie avec lui. Tout est une question d’adaptation et de modération. Composer avec les éléments ne relève pas d’une prouesse technique mais uniquement de l’observation et de la justesse. Il ne faut pas détourner la nature du lieu, essayer de l’endiguer et de le contraindre car de toute façon, il vous dépassera.

BIBLIOGRAPHIE

Allen Randy D. & Maynard Charles, « Sedimentary Process in costal lagoons », Technicalpapers in marine science, n°33, (Unesco), 1981, pp.24-80.

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Kotmer Alisa, Vivre sur l’eau, Paris : Hachette, EPAEditions, 2019.

SITOGRAPHIE

SOURCES IMAGES

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