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INSALUBRITÉ / PÉRIL

Par FRAISSENET, Camille
 

Insalubrité

             Dans le « mal-logement » ou « l’habitat indigne », se trouvent différents types de risques qui portent atteinte à la santé ou à la sécurité des occupants d’un immeuble ou d’un logement. Depuis quelques années, il est question notamment d’arrêté d’insalubrité et d’arrêté de péril qui peuvent être traités ensemble ou séparément. En effet, un arrêté d’insalubrité permet de prendre en compte les désordres concernant la sécurité et la santé tandis qu’un arrêté de péril prend en compte seulement les désordres sécuritaires.

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             La notion de salubrité apparaît en France dans la loi de 1807 sur les travaux des rues, places et quais dans les villes et sur la salubrité dans les communes. Elle avait pour objectif d’assainir les localités et avait permis de créer un groupe de bénévoles qui devaient être consultés pour les problèmes en lien avec l’insalubrité.

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             La notion d’insalubrité, qui intervient dans la loi de 1850, apparaît à la suite d’un mouvement européen d’inquiétude face aux conditions d’habitat des populations. Mais ce texte reste imprécis et peu alarmant face aux textes apparus en Angleterre avec la loi sur les pauvres en 1834, la loi sur l’amélioration de la ville en 1847, la loi sur la Santé Publique en 1848 ou encore la loi sur le surpeuplement en 1851 (Fijalkow, 2000) qui faisaient un point sur l’alimentation en eau courante, la ventilation etc. Selon la loi française de 1850, « les logements réputés insalubres se trouvent dans des conditions de nature à porter atteinte à la vie ou à la santé de leurs habitants » (loi mentionnée par Guerrand, 1987 et Magri, 1998).

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             Il y a eu toute une série de textes (vus avec l'avocat Pierre Le Belier, lors de la formation Habitat Indigne, mars 2019) depuis la loi de 1955 qui va poser les conditions de vie au sein d’une copropriété. Les parties communes insalubres d’un immeuble ont un impact sur un logement sain situé dans cet immeuble. Sont parues successivement : la loi de 1970 sur la suppression du logement insalubre, la loi Malraux sur la préservation des tissus urbains de centres anciens de 1962, la loi 1989 sur la réglementation des baux d’habitation, la loi 1992 avec l’article 225-14 du code pénal qui permet de sanctionner quelqu’un qui profite de la vulnérabilité d’une personne, la loi 2000, le décret du 30 janvier 2002 qui vient compléter la loi en posant les conditions juridiques, légales, réglementaires de ce qu’est la décence d’un logement, la loi Boutin 2009 qui introduit le droit positif et définit juridiquement la notion d’habitat indigne : on distingue alors les questions d’indécence et d’insalubrité. Ensuite, la loi ALUR (Accès au Logement et Urbanisme Rénové) de 2014 vient créer les astreintes administratives en cas de défaillance de la part des propriétaires. Plusieurs textes qui s’accumulent mais qui ne sont pas forcément cohérents, ce qui a pour résultat un manque d’efficacité. Aujourd’hui la notion d’insalubrité qualifie quelque chose « qui est malsain, nuisible à la santé » (Larousse, 2019). En architecture, un immeuble est considéré insalubre « lorsqu’il est dangereux pour la santé des occupants ou pour celle du voisinage du fait de son état ou de ses conditions d’occupation » (site web de l'Agence Nationale pour l’Information sur le Logement).

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            D’un point de vue juridique l’insalubrité est classée en deux familles :

-           l’insalubrité remédiable, c’est à dire que des mesures peuvent être prises afin de résorber l’insalubrité.

-           l’insalubrité irrémédiable, c’est à dire qu’on ne peut mettre fin à l’insalubrité ou bien que les travaux nécessaires sont plus coûteux que la reconstruction.

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            La notion d’insalubrité est souvent associée à d’autres mots en lien avec le bâti tel que « l’habitat insalubre », « le logement insalubre » etc. L’habitat insalubre est défini comme suit par l’administration : « si un immeuble ou un logement présente un danger pour la santé ou la sécurité de ses occupants ou du voisinage, le préfet peut engager une procédure d’insalubrité. Selon l’urgence, certaines mesures peuvent être prises. La procédure d’insalubrité concerne uniquement l’état de l’immeuble ou du logement ou ses conditions d’occupation» (site web). Il semble important de noter que l’insalubrité d’un immeuble ne concerne pas seulement ses occupants mais aussi les personnes autour de cet environnement dangereux. Ainsi, un immeuble insalubre peut avoir un impact sur un immeuble voisin même si celui-ci est bien entretenu.

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Traces de moisissures

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Fenêtres condamnées

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Traces d’humidité

Péril
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           Étymologiquement la notion de péril vient du latin periculum qui signifie « expérience, épreuve, essai ». En italien, le mot pericolo signifie « danger ». Le péril est souvent utilisé juridiquement pour parler des espèces en voie de disparition comme la loi de 2002 sur les espèces en péril. Être en péril, c’est subir. C’est une notion qui s’est développée à travers différentes disciplines, notamment en architecture.

 

            Pour le dictionnaire du Larousse (édition 2019), c’est une « situation dans laquelle se trouvent quelqu’un ou quelque chose dont l’existence même est menacée » mais c’est aussi un « danger qui menace ». Pour le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL), le péril définit « l’état, la situation d’une personne qui court de grands risques, qui est menacée dans sa sécurité, dans ses intérêts ou dans son existence même » (site web). Lorsque la sécurité des personnes est en jeu, une procédure de péril ou un arrêté de péril peuvent être engagés contre le propriétaire ou le syndic de copropriété. De novembre à décembre 2018, 185 périls graves et imminents à Marseille ont été signés tandis que de 2015 à octobre 2018 il n’y a eu que 186 arrêtés signés. Cela montre comment l’administration a géré les arrêtés de péril en 2 mois et en 3 ans.

 

            Le péril est divisé en deux familles :

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  • le péril ordinaire : la sécurité des occupants n’est pas immédiatement mise en jeu.

  • le péril imminent : la sécurité des occupants est immédiatement mise en jeu et ceux-ci sont alors délogés pour être relogés par leurs propriétaires.

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            Tout comme l’insalubrité, le péril est souvent associé à d’autres mots comme un habitat en péril. « Lorsqu'un immeuble ou un logement (appartement ou maison) présente un danger au vu de sa solidité, le maire peut engager une procédure de péril à l'encontre du syndic de copropriété ou du propriétaire du logement. La procédure de péril s'applique à la solidité du bâti et non à son état dont les désordres sont traités par la procédure d'insalubrité.» (site officiel de l'administration française). Un arrêté de péril est mis en place lorsqu’un immeuble ou un logement présente des risques pour ses occupants. A Marseille, les immeubles anciens ont des murs de refends mitoyens aussi lorsque celui-ci est touché les deux immeubles sont affectés.

           

            Les procédures d’insalubrité et de péril peuvent être mises en œuvre parallèlement. Elles doivent cependant être distinguées: l’une correspond à une notion de risque pour la santé tandis que l’autre correspond à une notion de risque pour la sécurité. En revanche, bien que ces deux notions représentent un risque pour les habitants, l’arrêté de péril est plus rapide à mettre en œuvre alors que l’arrêté d’insalubrité permet de traiter des problèmes plus profonds. Par exemple, dans un immeuble qui présente des problèmes structurels mais aussi des pièces en état de non-habitabilité (pièces pas ventilées ou sans ouvertures), s’il y a seulement un arrêté de péril qui est pris les pièces en état de non-habitabilité seront laissés telles quelles. Ainsi, au retour des habitants, le logement bien que sécurisé, sera insalubre pour ses occupants.

Façades menaçant de tomber

affaissement de structure

Affaissement de structure

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Toiture effondrée, rue du musée

Toiture effondrée, rue du musée

© Camille Fraissenet, Marseille

BIBLIOGRAPHIE

FIJALKOW Yankel, La notion d’insalubrité. Un processus de rationalisation 1850-1902. Revue d’histoire du XIXème siècle nº 20/21, 2000, p.135-156.

GUERRAND Roger-Henri, Propriétaires et locataires Les origines du logement social en France 1850-1914, Paris, Quintette, 1987.

MAGRI Susanna, Les propriétaires, les locataires, la loi Jalons pour une analyse sociologique des rapports locatifs 1850-1920, Revue française de sociologie, nº 3, 1998, p. 397-417.

 

Sites web consultés entre mai et juin 2019:

Agence Nationale pour l’Information sur le Logement : www.anil.org

Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, www.cnrtl.fr

Site officiel de l’administration française : https://www.service-public.fr

Site web de la législation canadienne, laws-lois.justice.gc.ca

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